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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 09:21

         Cannelle, l’ourse abattue par un chasseur dans les Pyrénées, a fait la Une en son temps, non pas tant par elle-même, le chasseur a peut-être agi en état de légitime défense, cette attitude qui justifie tant d’assassinats, mais parce que son ourson n’avait que dix mois et qu’à cet âge il était trop jeune pour se débrouiller seul, qu’il n’avait pas encore suffisamment d’acquis… de quoi relancer la vieille querelle des instincts et de l’intelligence, l’homme est intelligent et à la limite est toujours capable d’innover pour se sortir de n’importe quelle situation, l’animal n’a que les instincts de son espèce et, livré à lui-même, ne peut s’en tirer que s’il s’agit d’une situation préalablement inscrite dans la mémoire de l’espèce.

            Une théorie qui a certainement été mise au point par quelqu’un qui n’avait jamais regardé un animal de près, ou plus probablement par un religieux qui, au fond de son ermitage, s’est demandé comment justifier les  premières lignes de la genèse qui semble établir une barrière infranchissable entre l’homme et l’animal. Seul l’homme a pu pécher, l’animal ne pouvant qu’être irresponsable de ses actes. L’homme donc peut réagir suivant ses acquis, l’animal n’obéit qu’aux instincts, innés, de son espèce. 

            Les hommes, à leur début si tant est qu’on puisse employer ce terme, devaient se sentir les êtres les plus faibles de la nature. C’est d’ailleurs peut-être ce constat qui est à l’origine de la pensée humaine. Avant eux, les animaux ne pensaient peut-être qu’à leur présent qu’ils traversaient avec l’expérience qu’ils tiraient de leur passé, avec eux la première réflexion originale a dû être, devant les dangers multiples, « Que va –t-il se passer maintenant ? », un maintenant qui augurait d’un avenir.

            Dans la chaîne alimentaire, des animaux en mangeaient d’autres en attendaient d’être mangés par d’autres encore, chacun faisait son propre trou en quelque sorte, dans le présent, avec les hommes et le recul qu’ils pouvaient prendre, la perception d’un futur ne pouvait qu’être angoissant. 

            Mais les animaux avaient déjà cette pensée sur l’avenir. Si le tout jeune faon est poussé par sa mère à se mettre debout sur des pattes démesurées et flageolantes, ce n’est pas par un simple instinct automatique, mais parce que la mère connaît les dangers, elle imagine ce qui se passera très vite si son rejeton ne tient pas sur ses pattes, les prédateurs rôdent. Comment imaginer alors la première pensée vraiment humaine ?  Ne faudrait-il pas mieux raisonnablement  renoncer à trouver un seuil perceptible  entre l’animal et l’homme, admettre une continuité, une perte progressive de certains réflexes étant compensée par l’acquisition et le développement d’autres capacités ? Toujours notre incapacité à imaginer que quelque chose puisse exister sans pouvoir en repérer le commencement, à admettre des corrélations plutôt que des relations de cause à effet, à repousser le déterminisme tant celui-ci est satisfaisant pour notre esprit. Toujours ces tentatives plus ou moins maladroites de trouver une fin à cette angoisse du lendemain !

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