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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 08:41

             « Ecrire, c’est à peu près comme se trouver dans une maison vide et guetter l’arrivée de fantômes » ( John Le Carré)       

 

             Ecrire, pour la plupart de ceux qui s’aventurent dans l’écriture, car il s’agit d’une aventure, c’est écrire un roman, « œuvre d’imagination constitué par un récit en prose d’une certaine longueur, dont l’intérêt est dans la narration d’aventures, l’étude de mœurs ou de caractères, l’analyse de sentiments ou de passions ».

 

            C’est donc démarrer devant une feuille blanche, plus communément aujourd’hui un écran vierge, faire appel à son imagination, laquelle ne répond pas souvent de suite à l’appel, c’est donc bien « comme se trouver dans une maison vide et guetter l’arrivée de fantômes », « chimères que forme l’esprit, créations bizarres de l’imagination », d’où cette tentation de partir d’éléments biographiques, et souvent autobiographiques, ce qui facilite le développement de fantasmes, sinon  ce qu’on a été, ce que l’on aurait voulu être ou ne pas être. 

 

             Mais il est d’autres formes d’écriture où on guetterait vainement l’arrivée de fantômes. Comme cette dissertation, « exercice scolaire de composition écrite consistant dans la discussion d’un sujet de littérature, de morale ou de philosophie », un sujet imposé, qu’il nous inspire ou pas, et qui devait comporter, pour être bien noté, une introduction, le corps en trois parties (thèse, antithèse, synthèse) et une conclusion.

 

             Imitant ce que doit être un débat contradictoire avec un présentateur qui introduit, un intervenant qui expose son point de vue, un autre qui exprime le point de vue opposé, un troisième qui tente le synthèse et le présentateur qui…branche le public sur un prochain débat possible. 

 

             Ces dissertations ne nous ont pas toujours enchantés quand on nous les imposait, avec des sujets bateaux qui, alors, se retrouvaient d’année  en année au point que certains puisaient l’inspiration dans les copies de leurs frères ou soeurs plus âgés, mais, par sa répétition même, conditionnaient les élèves à avoir leur plan bien établi avant de commencer.

 

            Savoir ce que l’on va écrire ensuite, ce n’est pas toujours le cas pour l’adulte qui n’a pas de copie à rendre et qui travaille pour lui. Tout au plus conserve-t-il l’idée directrice. C’est que la pensée vagabonde, même lorsqu’on s’est fixé un objectif, alors à partir à l’aventure, pour le simple plaisir d’écrire, vous égare souvent, mais n’est-ce pas là l’un des charmes de la pensée humaine, ne pas être enchaînée par la nécessité ? 

 

             Pense-t-on souvent ainsi ? G.B.Shaw a dit en son temps : « Je suppose que vous pensez rarement. Il y a peu de gens qui pensent plus de trois ou quatre fois par an. Moi qui vous parle, je dois ma célébrité à ce que je pense une ou deux fois par semaine », mais il maniait l’humour. Tout dépend de ce que l’on entend par penser.

 

            Si c’est se formuler une simple opinion que l’on a glanée en chemin et faite sienne sans la moindre réflexion, on peut penser très souvent et très communément. Et publiquement, comme dans ces innombrables sondages, où l’on vous demande de répondre « spontanément », or, à moins de s’être intéressé au sujet précédemment, la spontanéité de la réponse ne nécessite pas le fonctionnement de la pensée.

 

            Penser sur un sujet qui se présente pour la première fois demande du temps, une durée de réflexion  nécessaire, de peser le pour et le contre avant de prendre une position raisonnable. Et l’usage de la raison ne donne pas le même résultat d’un individu à l’autre.

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