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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 08:53

            Si l’on réfère au Petit Robert, un ghetto est en 1, un quartier où les juifs étaient forcés de résider (qui ne se souvient du ghetto de Varsovie ?), en 2, au figuré, un quartier où une communauté est à l’écart. Un dictionnaire étymologique, celui de Dauzat (1938, avant Varsovie) nous précise : mot italien attesté à Venise en 1516, paraît avoir désigné d’abord des fonderies dans le quartier où les Juifs se seraient installés. Venise, une référence souvent présentés sous un beau jour, 1516, l’an suivant celui de la victoire de François Ier à Pavie, près de cinq siècles.

 

            Mais le mot de ghetto évolue et depuis 1944 ne désigne plus que la misère, on a même créé la ghettoïsation pour caractériser les quartiers perdent peu à peu leur âme, comme dans ces périphéries de grandes villes, parce que s’y retrouvent une même tranche de la société, en l’occurrence « les plus défavorisés », comme on les appelle pudiquement aujourd’hui. Mais pourquoi pas alors qualifier aussi de ghettos, ces quartiers où ne se trouvent plus que « les plus favorisés », comme on semble aujourd’hui appeler ceux qui disposent de revenus très nettement supérieurs à la moyenne.        

 

            Non que la notion de favorisés ne se rattache qu’à l’importance des revenus, loin s’en faut même dans un monde matérialiste, mais parmi ceux que la fortune semble avoir comblé d’euros, il en est qui en tire la conclusion  primaire qu’ils constituent une communauté qui ne se mélange pas avec les autres et qui ne sentent à l’aise que parmi leurs égaux, en revenus s’entend. Et ce n’est pas d’hier, ni le fait de nouveaux riches qui abuseraient d’une fortune acquise plus ou moins honnêtement, mais plutôt une survivance de traditions du passé,  la France n’a t-elle- pas connu une longue période de féodalité qui a marqué les esprits ? 

 

            Une histoire vécue, remontant à une trentaine d’années : nous nous promenons en famille, un couple et deux jeunes enfants, un peu égarés parmi des allées, des sentiers qui semblaient ne mener nulle part , lorsque nous sommes interpellés, le mot est faible, par un olibrius, pardon par un des propriétaires du lieu sans doute, manifestant sa mauvaise humeur de voir ainsi des étrangers se balader sur son sol et nous invitant, le mot est encore faible, à quitter les lieux rapidement. Nous venons, à notre insu et sans la moindre mauvaise intention, au contraire, de pénétrer dans un ghetto, un de ces lieux où une communauté vit à l’écart. Un lieu sans grilles pourtant, sans panneaux d’interdiction de quoi que ce soit, où la nature invitait à la promenade.

 

            Un  autre exemple, en bout du parc, l’avenue ouverte à tous et les piétons qui la parcouraient dans les deux sens et, parfois, prenaient quelque repos en s’asseyant sur l’herbe.  S’asseoir sur « l’herbe d’autrui, quel crime  abominable », on le fit bien voir en la fermant aux manants par des grilles adéquates. Et sans doute chaque habitant du lieu de s’en féliciter. Les protections de toutes sortes se multiplient, non seulement parce que la profession dispose de bons vendeurs – il n’en faut pas plus parfois pour généraliser l’usage d’un produit – mais par cet instinct séculaire de se protéger de l’inconnu. Et comme l’inconnu se trouve dans tout ce que l’on connaît pas, on se retrouve dans ce que les autres peuvent très exactement appeler un ghetto, même si le terme est rejeté par les intéressés pour lesquels le ghetto, qu’ils n’hésitent pas à employer, c’est ce qui se trouve de l’autre côté des grilles qu’ils ont fait installer autour de leur pré carré.   

 

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