Pas tout à fait d’accord sur la différence entre l’éducation qui ne peut être différée et la consommation qui peut être reportée. Pour une robe trouée ou une cigarette peut-être, parce que c’est du superflu, quoiqu’on puisse en penser, mais pas pour le nécessaire : à celui qui meurt de faim ou de soif, par exemple, une nourriture ou une boisson ne peut attendre, l’instruction, même en l’occurrence les conseils pour éviter que pareil état ne se renouvelle, cela viendra ensuite, en différé. A chacun ses priorités. Et c’est parce que nous sommes nantis côté satisfaction des besoins primaires que nous pouvons accorder toute notre attention à l’instruction, qui n’est que secondaire par rapport à la survie. Que donc, pour nous, l’importance de l’enseignement soit une banalité, une évidence, quelque chose à quoi on oublie de réfléchir, ce n’est pas le cas de ceux qui se trouvent dans une situation déplorable.
A supposer le problème résolu dans l’avenir, et non à le négliger dans le présent, on en vient aux moyens de l’enseignement, et dès lors, on a le sentiment de retomber dans le piège de la consommation. : combien de ceci, combien de cela, combien d’heures, combien de matières, combien de profs, combien de soutiens ? Avec d’innombrables pré-supposés, évitons d’employer préjugés à consonance plutôt négative, pour plonger dans les détails. Pas pour ceux qui sont directement concernés évidemment, et ils sont si nombreux qu’on assiste à des discussions, ce qui est bien, mais innombrables et interminables, entraînant des débordements qui peuvent alors sembler en contradiction avec la noblesse de la mission, « quelque chose à quoi on oublie de réfléchir » au lieu de l’avoir constamment en point de mire.
L’instruction diffuse des connaissances et en quoi ces connaissances ne peuvent-elles pas être différées, ce sont, toutes proportions gradées, des produits de consommation. Aux élèves de Terminales qui choisissent (ou à qui on impose d’ailleurs, la liberté est parfois toute relative) philosophie, on fera consommer un programme de philosophie et aux Terminales scientifiques un programme de sciences. En quoi cela ne peut-il pas être différé ? Ce qui ne peut pas l’être au contraire, ce sont les idées, les pensées, que l’enseignement fait naître instantanément dans la tête des étudiants et qui donné à un autre moment n’entraînera pas la naissance des mêmes idées, chacun ayant d’ailleurs les siennes. Peut-être qu’un cours de philosophie, comme de toute autre matière, déclenchera une idée des années plus tard, à la relecture ou simplement à s’en ressouvenir. . .