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25 mai 2011 3 25 /05 /mai /2011 09:34

               Par-delà les attaques qui visent les personnes mais qui atteignent l’Etat, le moment est sans doute venu de réhabiliter le mensonge. Qu’il s’agisse de travestir la vérité ou d’oublier de la mentionner, ce gros péché cimente le lien social. Sans le mensonge, la vie de couple, la vie politique et la vie en société ne seraient pas possibles. Car le pieux mensonge et le vilain mensonge ont pour même objectif d‘épargner des sensibilités et de dissimuler des turpitudes. Certes, l’affabulation n’est jamais très éloignée qui brode, qui grossit, qui invente. Moins par méchanceté et par désir de nuire que pour amuser la galerie et pour donner un peu de peps à une réalité trop souvent dépourvue d’imagination. Bref, méfions-nous de ceux qui ne nous mentent pas. S’ils n’ont rien à cacher, c’est aussi parce qu’ils n’ont rien  à montrer.    

 

            Mentir, c’est donner pour vrai ce qu’on sait être faux ou nier ce que l’on sait être vrai, nous indique le dictionnaire. A moins que ce ne soit donner pour vrai ce que l’on croit être vrai ou nier ce que l’on croit être faux, car la première définition suppose la connaissance de la vérité, ce qui n’est pas donné. On peut croire vrai ce qui ne l’est pas, ce qui fait qu’en mentant on peut dire la vérité.             Mentir serait-il dire le contraire de ce que l’on pense ? Mais ne pense-t-on pas à la fois à la fois ce que l’on croit être vrai et ce que l’on dit être faux ? En mentant à autrui, on peut sans doute différencier les deux pensées, ce que l’on croit être vrai et que l’on garde pour soi et que l’on croit être faux et que l’on donne comme étant vrai. Mais est-ce que ce qui n’est pas vrai est faux ou est-ce que ce qui n’est pas faux est vrai ? 

 

            Un problème  mathématique simple a une bonne solution, vraie, les autres sont fausses. Mais peut avoir aussi plusieurs solutions bonnes. Donner une solution vraie ne signifie pas que les autres soient fausses, puisque parmi celles-ci certaines sont vraies. Mais ce n’est pas mentir que de donner une solution fausse alors qu’on la croit vrai.  Est-ce mentir que de dire que le soleil se lève à l’est et se couche à l’ouest alors que l’on sait que c’est la terre qui tourne autour du soleil. Le dire à quelqu’un qui a notre culture, cela ne le trompe pas, mais à quelqu’un qui ne le sait pas, n’est-ce pas lui mentir ?  

          Il existe de pieux mensonges, destinés à épargner des sensibilités, toute vérité n’étant pas bonne à dire. Pourquoi faudrait-il annoncer des vérités à ceux qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas les entendre. Mais aussi de vilains mensonges, dissimulant des turpitudes. Enoncer une vérité ou un mensonge consiste rarement en une phrase courte et simple, dire vrai ou faux à répondre sommairement par oui ou par non.   

 

            Affabuler, c’est se livrer à une arrangement de faits totalement ou partiellement imaginaires, pas faire de la science-fiction, un auteur de science-fiction ne ment pas, ce qu’il raconte n’est pas vrai, puisque c’est de la fiction reconnue comme telle. Certains, notamment des jeunes, affabulent couramment pour épater leurs copains et enjoliver leurs récits. Tout est dans la mesure .A affabuler un peu, la réalité devient floue et il y a mensonge s’il y a intention de tromper. A affabuler beaucoup, on fait rire de soi, on  ne risque pas de gober l’histoire, même si on fait semblant d’y croire, peut-on parler de mensonge ?   

 

            Mentir est dans l’intention. Si c’est pour plaisanter, faire de l’humour, que de mensonges ne sortirions-nous pas à longueur de vie ? Si c’est par politesse également, est-ce mentir que de dire à quelqu’un qui vous a marché sur les pieds que ce n’est rien, alors qu’il vous a fait mal et que vous n’êtes pas content du tout ? Et dans bien d’autres circonstances, il faut savoir interpréter autrui dans la vie en société sans pour autant le prendre pour un fieffé menteur.        

            Mentir est dans l’intention, et l’on peut aussi mentir par omission, ne pas dire ce qui devrait être dit au moment où il faudrait que cela soit dit. En se trouvant d’excellentes excuses pour ne pas l’avoir fait, en se mentant à soi-même, car ceci est courant, se mentir à soi-même pour se donner bonne conscience, comme si on le faisait vis-à-vis d’un autre, un autre qui pourtant n’est que soi. Mentir est dans l’intention, et le plus grave, c’est le mensonge par méchanceté, par désir de nuire.

 

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