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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 08:39

Apprendre, c’est prendre certes, puisqu’en apprenant quelque chose, on s’empare de ce que l‘on avait pas, on augmente son propre capital, mais on le prend pas à un autre, ce que nous possédons en plus  nous devient présent au lieu du néant, une information qui de potentielle (puisque nous étions dans la possibilité de la recevoir) devient réelle. Mais en recevant cette information d’un autre, qui ne l’a pas perdu pour autant, ce n’est pas comme dans une transmission de relais, un passage de l’un à l’autre, tel que celui qui l’a donné ne l’a plus.

 

L’information non encore reçue par une personne donnée peut être considérée comme potentielle dans la mesure où cette dernière est capable de la recevoir. Qu’elle le sera à la réception. Car il ne suffit pas d’émettre une information, une connaissance, un savoir pour que la réception se fasse. Entre l’émetteur et le récepteur ce n’est pas aussi simple qu’un passage de relais, où l’émetteur se décharge de l’objet pour le donner à un autre (encore que là aussi ce peut-être défectueux). On peut parler dans le désert, les enseignants en savent quelque chose.                 

 

            Enseigner et apprendre, deux opérations complémentaires, encore que mot complémentaire, bien que signifiant la participation à une œuvre commune, ne met pas l’accent sur le fait que, loin de perdre, de céder quoi que ce soit, l’émetteur ne peut que s’enrichir de la relation (à moins de dévoiler un secret qui n’a donc pas à être divulgué, ce qui sort, on en conviendra, du cadre de l’enseignement) quelle que soit la réaction du récepteur.

 

            Même si celle-ci est nulle, à l’émetteur de tirer la conclusion qui s’impose, il s’exprime mal ou le récepteur n’en est pas un  pour le sujet traité, ce qui ne l’empêchera peut-être pas d’en tirer quelque chose.  La liaison ne peut se faire que si les conditions de l’échange sont bonnes. Quand un conférencier s’adresse à un auditoire qui ne dispose que d’un nombre extrêmement réduit de mots, il ne peut faire passer que peu  de choses.

 

            Citons une  enquête qui concluait que la plupart des jeunes délinquants qui se retrouvaient en prison ou à la disposition de la justice ne disposaient pour s’exprimer (et donc aussi pour interpréter correctement ce qu’on leur disait) que d’un vocabulaire de l’ordre de quatre cents mots (ce qu’un débutant pourrait apprendre en quelques heures en espéranto, grâce au caractère agglutinant de cette langue  universelle). Le vocabulaire n’est pas tout, mais comment s’exprimer, avec un aussi faible bagage ?

 

            On peut comprendre comment naissent beaucoup de manifestations violentes pour peu que l’individu soit un peu susceptible, et il l’est d’autant plus qu’il ne peut exprimer les nuances de sa pensée. Il n’est pas question évidemment de prétendre que la délinquance est inversement proportionnelle à la richesse du vocabulaire assimilé, le manque de culture c’est autre chose et de brillants discoureurs peuvent être des malfrats, mais quand on ne peut s’exprimer correctement avec le langage, on peut se retirer la tête basse ou alors devenir violent. Deux solutions guère porteuses de dignité.

 

           Situation globale d’autant plus regrettable que partager le savoir n’est pas en priver le donneur pour en faire profiter le receveur, comme c’est généralement le cas des biens matériels, mais au contraire de se retrouver chacun ensuite bénéficiaire. Surtout quand la transmission se fait bénévolement, car de nos jours, il en est qui ramènent tout action à un niveau matériel, du style « combien cela me rapportera-t-il ? »  

 

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commentaires

F
<br /> Je vous remercie de me signaler que vous trouvez mes articles quotidiens intéressants, pas tous certainement, car il s’agit d’une production sur des sujets si divers qu’il ne faut pas y chercher<br /> une continuité tant dans la forme que dans le fond. Il s‘agit simplement de réflexions que je me fais au jour le jour, inspirées le plus souvent par des événements du moment, et comme l’actualité<br /> est sans cesse mouvante, l’inspiration risque peu de manquer !<br /> <br /> J’ai eu la chance de ne pas faire d’études de philosophie (donc ne pas aimer comme c’est alors souvent le cas les choses compliquées réservées à des initiés) ce qui me permet de me dégager de<br /> toutes les influences de maîtres qui guideraient ma pensée dans un sens plutôt qu’un autre. Non que j’estime peu ces derniers, et il en est de très brillants, mais n’avons-nous pas chacun en nous<br /> des ressources qui autorisent les réflexions personnelles, sans se référencer à d’autres qui ont eu éventuellement d’ailleurs les mêmes pensées avant nous ?<br /> <br /> « Vous êtes un donneur et je suis un receveur », je n’irai pas jusque là puisque vous réagissez par des commentaires, et alors il ne s’agit plus d’un passage à sens unique d’un « donneur » vers un<br /> « receveur » qui ne renverrez rien, mais d’un échange à double sens, puisque de vos commentaires, j’en tire quelque chose, et peut-être plus que vous ne pensez. Grand merci à vous !<br /> <br /> <br />
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B
<br /> Merci Monsieur,en lisant chaque jour, vos articles si intéressants,j'accumule du savoir et en plus vous pensez avec justesse ça rime avec sagesse.Vous êtes un donneur et je suis un receveur.<br /> C'est chaque jour un sujet de réflexion différent et simple pour les esprits qui n'aiment pas les complications(les choses compliquées!)<br /> <br /> <br />
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