Quelle est la somme des angles d’un triangle ? Réponse unique et sans ambiguïté : 180 ° ? Réponse à la fois vraie et fausse Vraie en géométrie d’Euclide, fausse avec celles de Riemann (supérieure) et de Lobatchevski (inférieure), deux chances sur trois de se tromper ! Et encore, celle d’Euclide n’est valable que dans un seul cas, très particulier, unique, le plan, alors que les deux autres couvrent tous les autres cas, innombrables.
La mathématique s’établit sur ce qu’on peut parfaitement appeler des préjugés, qui jamais ne sont signalés, ce qui permet de ne pas en douter. Quand une nouvelle théorie scientifique met les précédentes en défaut, qui donc deviennent fausses dans leur généralité, on dit alors qu’elles ne sont qu’un cas particulier de la nouvelle théorie. plus générale. Sommes-nous si éloignés des problèmes qualifiés de philosophiques ?
N’est ce pas le même cerveau humain, qui raisonne, peut-être pas les mêmes neurones, quelle importance ! Disons que les préjugés ne sont pas les mêmes, les scientifiques prétendent s’imposer par leur universalité, les philosophiques inciter à une réflexion plus libérée. Quant aux Terminales qui commencent les cours de philosophie, parviendront-ils à philosopher en toute liberté, on peut leur souhaiter.
Si on ne peut dissocier la philosophie de celle qu’on fait, la seule façon de la comprendre, c’est d’en faire, combien de terminales sortiront de cette année en ayant compris quelque chose à la philosophie ? Ils avaient pour la plupart choisi de s’orienter ainsi parce que les autres voies leur semblaient plus rébarbatives, ils la quitteront ayant acquis de nouvelles connaissances, mais philosopheront-ils pour autant ? Comme d’autres qui suivent la voie des sciences exactes (si l’on peut encore s’autoriser à les dénommer ainsi), leur but sera d’obtenir la moyenne, et peut-on leur jeter la pierre ?
Sauf certains évidemment, quelque peu philosophes avant de venir, qui y trouveront les connaissances qui leur manquaient, mais ceux-là ne récolteront peut-être pas les meilleures notes. Il est permis de se demander si pour philosopher, il n’est pas utile de suivre d’abord une formation scientifique, car il est plus aisé ensuite d’aller de la science à la philosophie que de la philosophie à la science. En distinguant, suivant l’actuelle habitude, ces deux activités de l’esprit, ce qui fut loin d’être toujours le cas. On peut citer beaucoup de cas de savants philosophant, peu ou pas de philosophes se lançant dans les sciences « exactes ». .