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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 08:25

Des goûts et des couleurs, on ne discute pas…ou plutôt on ne discute plus une fois atteint l’âge adulte, un âge auquel les années d’enfance et d’adolescence ont donné le temps nécessaire à se construire une certaine vision du monde, sinon la sienne propre, au moins celle qui permet de s’intégrer plus ou moins bien dans la société. La vision propre, il faudra encore attendre la patine des ans pour que le recul soit suffisant à un examen plus objectif de notre monde. .

 

            S’il est un endroit où la perplexité se lit sur les visages des adultes, c’est bien dans un musée, ou une galerie de peinture, suivant évidemment que l’individu médite seul ou se trouve en compagnie. Entouré de connaisseurs ou de gens se présentant comme tels, il ne peut que s’extasier devant la beauté de l’œuvre, préciser que les mots lui manquent – on le comprend – pour exprimer les sentiments qu’il ressent, et n’en penser pas moins. 

 

            L’enfant, lui, n’a pas à se construire une physionomie de circonstance lorsqu’il se trouve parmi les siens. Certes il s’intéresse plus ou moins à la galerie de tableaux, mais s’il y prête attention, c’est sans arrière-pensée, et plus y a de vie, plus son intérêt croît. D’autant plus qu’il est dans son présent vécu et ne se soucie pas de ce qu’il a déjà vu par ailleurs ou de ce que pensera de lui sa maîtresse l’instant d’après. 

 

            Ce qui ne signifie pas que les événements auxquels il participe ne le marquent pas, bien au contraire. Il emmagasine, et, tout adulte le vérifie, ne lui reviendra en mémoire plus tard que certains faits, certains épisodes, pas toujours ceux qui l’ont touché le plus alors – suivant ce qu’en témoignaient ses accompagnateurs, mais un témoignage est toujours sujet à caution car il ne peut être objectif, mais un détail souvent, qui leur a même échappé.

 

            Mais nous ne sommes pas limités à ce que notre mémoire nous retransmet plus ou moins fidèlement, mais à tout ce que nous avons vécu, ce qui est indéfiniment plus vaste. Et, au moins nous sommes envahis par notre passé, au moins nous sommes envahis par d’innombrables préjugés, au plus nous pouvons être spontanés, nous livrer aux plaisirs (aux peines aussi ) de l’instant présent.

 

            Naïveté et fraîcheur, nous pouvons certes les conserver toute notre vie, dans la mesure où le domaine concerné n’a pas été abordé précédemment. C’est dire que pour ceux qui ne s’aventurent guère au-delà des nécessités quotidiennes, le champ d’exploration possible reste bien ouvert, certes, mais que peut-être ils ne songeront jamais à l’explorer.

 

            Pour d’autres, plus « aventureux », il leur faudra toujours aller de l’avant pour découvrir de nouvelles terres au sens physique du terme, voyager toujours de plus en plus loin, mais l’esprit de l’homme n’est pas conditionné par l’espace parcouru mais par l’utilisation qu’il fait de son temps, et ce ne sont pas forcément les plus grands voyageurs qui ont l’esprit le plus ouvert. Ce qui condamne la naïveté et la fraîcheur, ce sont surtout les préjugés qui donnent l’impression de savoir avant de prendre connaissance, d’avoir épuisé un sujet alors qu’il n‘a été qu’à peine effleuré. On comprend que les enfants, avides de connaissance et vides d’expériences, soient les mieux placés pour en bénéficier.

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