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8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 08:40

            Selon la loi, tout individu est présumé donneur…mais on demandera au futur défunt, par l’intermédiaire de sa prochaine carte Vitale quelles sont, à ce sujet, ses dernières volontés. Présumé donneur. On  peut supposer qu’il peut s’y opposer de son vivant, et qu’au-delà, l’accord de la famille est sollicité, sans que l’on puisse forcer sa conviction.

 

            Mais ce « présumé donneur » laisse sous-entendre qu’un cadavre appartient à la collectivité (qui, par ailleurs peut, en avoir cruellement besoin pour effectuer des greffes d’organes), dans la même optique que, il n’y a pas si longtemps, l’accent était mis sur la disponibilité de chaque homme à répondre à l’appel de la mobilisation pour défendre sa patrie au sacrifice éventuel de sa vie.

 

            Qu’un corps destiné à être incinéré (et le nombre d’incinérations va croissant) puisse être amputé d’un organe sain pour être transplanté chez un receveur anonyme qui retrouvera ainsi la santé, qu’un autre, dont la mort n’apparaît pas naturelle, soit autopsié afin d’éclairer la justice, et un autre, comme dans l’Egypte ancienne, embaumé, ne soulève guère d’objection, le corps étant considéré comme une simple enveloppe charnelle de l’esprit qui s’en est évadé pour certains, et pour d’autres comme des restes sans intérêt après le dernier souffle.   

 

            Mais en va-t-il de même pour les inhumations ? Certes, « tu es poussière et tu retourneras à la poussière » ne fait guère de doute pour qui que ce soit et quelles que soient ses convictions, certes rares sont ceux qui croient encore aux retrouvailles du jugement dernier où chacun ressusciterait dans le corps qu’il avait avant de passer de la vie terrestre à  la vie éternelle - ressusciter sans cœur ou poumons est-ce possible ? – il n’empêche que ne pas faire retour à la terre d’une dépouille intacte peut encor en choquer plus d’un.

 

            Ne serait-ce que ceux qui estiment que la première manifestation des êtres humains prouvant l’existence d’un seuil infranchissable pour les animaux a été le fait qu’ils enterraient leurs morts, hypothèse qui peut laisser parfois songeur sur le sentiment d’un au-delà, mais qui font remonter aux premiers temps le respect des humains pour le corps de leurs disparus, un corps tel qu’il était à sa disparition, dans le même état, pour perpétuer, plus modestement en prolonger le souvenir chez ceux qui lui survivent.     

 

            N’est-ce pas, à l’opposé, pour mettre fin à toute perpétuation d’un quelconque culte à la personne, qu’on coupait la tête des condamnés plutôt que de les pendre. Les pendre, c’est infamant, les réduire au niveau de la bête, leur enlever symboliquement toute humanité en les jetant à la fosse commune, mais la guillotine va plus loin, elle veut mettre fin à toute possibilité de résurrection, sous quelque forme que ce soit.

 

            Selon la loi, tout individu est présumé donneur… Il est de  lois qui sont votées après des débats acharnés, et dont les effets se révèlent négligeables par la suite, au point qu’on se demande pourquoi elles ont été promulguées, il ne semble pas que celle-ci (à quand remonte donc son adoption ?) ait fait l’objet de beaucoup d’attention.  Peut-être aussi  parce qu’on n’en prévoyait pas une stricte application, qu’on ne voulait par elle que favoriser le « don » d’organes et non une espèce de prélèvement obligatoire en cas de besoins chirurgicaux. Mais le « présumé donneur » questionne, comme le présumé innocent en justice. 

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