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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 08:02

            A la télévision, un film sorti en  1952, il y plus d’un demi-siècle, avec notamment Bourvil, Noël Roquevert et Brigitte Bardot. Un vieux film donc, vieux parce qu’ancien, mais qui ne date pas et conserve toute la fraîcheur qu’il devait avoir à sa sortie. Tant d’autres vieillissent, sont démodés en quelques années, notamment ceux  dont on fait un tapage médiatique important, qui sont considérés au moins comme le spectacle de l’année et apparaissent bien quelconques lorsqu’ils passent ensuite sur le petit écran.

 

            Il faut dire qu’aujourd’hui les films sont diffusés dans toutes les salles simultanément alors qu’auparavant les bobines passaient de salle en salle, des années durant, ce qui leur assurait une place dans la mémoire collective, alors que maintenant, après quelques semaines tout au plus, ils sont chassés par d’autres qu’on présente comme encore plus extraordinaires.

 

           Il faut préciser, pour le Trou normand, que l’action se déroule, notamment à l’école, en 1952 dans un environnement de 1952, c’est-à-dire sans chercher à retrouver plus ou moins artificiellement ce qui se passait cinquante ans auparavant ? Chacun des spectateurs seniors peut donc retrouver l’ambiance de l’époque comme s’il la revivait à un demi-siècle d’intervalle, se mettre à la place de l’acteur qui vivait lui-même cette époque.

 

           Les films tournés aujourd’hui, avec des acteurs de maintenant, dans une époque qui n’est pas la leur, peuvent avoir un grand succès, comme les Choristes, mais en auront-ils encore dans cinquante ans, souhaitons-le sans en être certains. Tandis qu’un film qui, cinquante ans après n’a pas vieilli inspire le respect. Tant d’autres, promis à de brillantes carrières, se sont faits oublier, comme par exemple les Fernandel qu’on nous sort de temps à autre, sans doute parce que leur mise à l’antenne ne doit pas coûter très cher et que les budgets se doivent d’être équilibrés.

 

            Mais, au lieu de ne penser qu’à nous, spectateurs souvent exigeants tant le choix est grand, songeons à ce que doivent ressentir ceux qui tournaient alors et qui aujourd’hui sont toujours parmi nous. Nous retrouvons de temps à autre notre propre passé, au moyen de quelques rares photos, mais pour des acteurs qui se retrouvent ainsi, cinquante après, quels sentiments peuvent-ils avoir de l’écoulement du temps ? Ne parlons pas de ceux qui par amour du métier, par nécessité financière ou parce qu’ils ne savent pas décrocher tournent toujours, sans trop envisager de retour en arrière, mais de ceux qui se revoient, des  décennies plus tard, avec une période révolue de leur existence.

 

           Assistent-ils à un dédoublement de leur personnalité, se voient-ils comme s’il s’agissait de quelqu’un  d’autre, presque une personne étrangère, ou parviennent-ils à assurer la continuité de leur moi profond ? Sans doute la réponse n’est-elle pas unique. Certains assument et d’autres pas, comme ces gens qui vous déclarent qu’ils étaient idiots ou naïfs, ou tout ce que vous voulez d’autre, quand ils étaient plus jeunes, laissant ainsi sous-entendre qu’ils ne se considèrent plus comme cela aujourd’hui, comme s’ils avaient subi une mue complète entre temps.

 

            Mais ceux qui assument, qui se considèrent comme étant toujours intérieurement eux-mêmes dans un environnement extérieur qui change, comment se retrouvent-ils à la rediffusion d’une partie intégrante de leur vie ? En acteurs ou en spectateurs ? 

 

           Mais est-ce une partie intégrante de la vie de la vie d’un artiste que d’avoir jouer un certain rôle à un certain moment ? Le cas doit être rare d’un acteur qui s’est tant assimilé à son personnage qu’il ait pu parvenir à le considérer comme faisant partie de lui-même. Il nous arrivé, à chacun d’entre nous, de jouer, de prendre la place d’un personnage qui n’était pas nous, aussi peut-on, avec recul, le dater, le repositionner hors de notre propre personnalité,  sans pour autant introduire une discontinuité dans notre propre « moi ». Ce doit être le cas des acteurs de théâtre, de cinéma. Ils peuvent trouver certaines de leurs représentations déplacées, comme sublimées d’ailleurs, sans se renier ou s’illusionner sur eux-mêmes. A moins de tomber dans la paranoïa.

 

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