22 novembre 2011
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Le rire est, paraît-il, le propre de l’homme. Ce n’est peut-être pas tout à fait exact, car des animaux à l’homme il est de plus
en plus difficile de maintenir une frontière infranchissable, dans un sens comme dans l’autre, et s’il est certain que l’homme soit doté de langage, les animaux ont aussi le leur, on
en doute aujourd’hui de moins en moins. L’hypothèse selon laquelle les animaux ne répondaient qu’à leur instinct et n’avaient nul besoin de se singulariser - pourquoi alors chercheraient-ils à
nouer des relations particulières, des brides de « conversation », et pas seulement avec ceux de leur espèce - , cette hypothèse, qui se conforta longtemps dans un cadre religieux, a
quelque peu vieilli et ne se maintient que par conservatisme.
Il n’empêche que c’est bien l’homme, avec son cerveau complexe, qui se permet de posséder un véritable langage, encore que
cela ne lui soit pas venu rapidement au cours des millénaires. Avec l’histoire biblique de la tour de Babel, « ils parlaient tous la même langue », on en est à un stade qui n’a sans
doute jamais existé car ce n’est pas dans le sens unicité vers multiplicité que l’évolution a été possible.
Chaque tribu, chaque peuple, au temps où la maigre population terrestre était très dispersée, et elle le fut probablement avant
de se construire un langage, avait dû créer le sien, très pauvre (à nos yeux) sans doute mais langage quand même, pour se comprendre entre individus, puis, les contacts entre tribus ou peuples,
hostiles ou amicaux, se faisant de plus en plus fréquents, de s’enrichir ainsi mutuellement.
Evidemment, avec le postulat
d’Adam et Eve et les quelques milliers d’années, plus ou moins de cinq, de l’événement créateur, on ne pouvait que supposer un seul et même langage pour tous sachant que le premier couple parlait
aussi facilement que vous et moi. Et donc d’imaginer un châtiment divin dans l’explosion de multiples langues, incompréhensibles entre elles pour les besoins de la cause, l’interruption des
travaux de construction d’une tour destinée à parvenir jusqu’au ciel, qui devait sans doute alors plafonner à quelques centaines de mètres tout au plus.
Pensons aux patois locaux et à l’instauration d’une langue commune dans le
cadre d’un pays comme la France. La langue d’oil et la langue d’oc ne devaient guère se comprendre, mais il a fallu qu’elle le fasse ! La mondialisation, en marche bien avant les problèmes
de délocalisations qu’elle pose, devait amener une concurrence entre les différents langages et assure le succès de certains au détriment de beaucoup d’autres. Et ces langues ainsi
privilégiées d’être livrées en pâture à tous les débordements. On est souvent très loin de leur caractère utilitaire d’échanges entre les êtres humains, Avec le développement
« exponentiel « des communications, on en vient de plus en plus souvent à parler pour ne rien dire.
Francis Baussart
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philosophie