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21 mai 2011 6 21 /05 /mai /2011 07:28

             On aurait pu imaginer, il y a peu de temps encore, que l’usage du téléphone portable aurait été d’abord utilisé par ceux qui en avaient le plus besoin, comme le personnel de chantiers, les représentants de commerce, les services de sécurité, les médecins en tournée, peu d’attrait en l’occurrence pour beaucoup d’accessoires qui l’accompagnent, sous un format réduit donc pratique.

 

            Mais le portable a quasiment remplacé le fixe et chacun ou presque aujourd’hui en possède un. Pour des usages qui sont loin d’être toujours celui de la communication verbale de personne…comme ces adolescents lycéens ou collégiens qui ne quittent jamais leur petit appareil qui leur permet d’être à l’écoute de leur monde sans contrainte et sans contrôle de leurs parents notamment. A l’écoute et pas seulement puisque le portable peut à peu près tout faire et ce n’est qu’un début.

 

            Alors, au lieu de raconter leurs exploits auxquels les copains ne croient guère, pourquoi pas filmer des scènes dont ils sont les vedettes ? Ou filmer d’autres personnes à leur insu pour les humilier d’une manière ou d’une autre, où la violence et les situations scabreuses sont particulièrement appréciées et valorisantes aux yeux des copains, comme on exhibait jadis les photos de famille ou celles de vedettes à la mode.      

 

            Les adolescents plus que les adultes, soit plus méfiants sur les suites possibles, soit mieux équipés en matériel, les adolescents donc considèrent cela comme un jeu, un de ces jeux dont le portable permet l’accès, où le manipulateur est à la limite du réel et du virtuel, de ce virtuel dans lequel ils plongent en permanence. Mais un jeu qui parfois n’a plus rien d’innocent et peut les mener loin !

 

            On peut se demander, à les voir se livrer avec passion à certains jeux vidéo, si tous ce amateurs de sensations fortes ne se trouvent pas impliqués sans faire la distinction entre le réel – ou ce qui est considéré comme tel – et le virtuel, habitué qu’ils sont de considérer être l’acteur de ces jeux virtuels. Ne se prennent-ils pas parfois comme étant eux-mêmes les héros réels plus que virtuels ? Et plutôt que de se confronter aux difficultés de l’existence de se contenter de ces virtualités pour se construire un personnage, comme d’autres se réfugient dans leurs rêves pour s’imaginer  être autre chose que ce qu’ils sont.

 

            Ce n’est pas d’hier que cette substitution se fait. Depuis que le cinéma existe, que d’adolescents se sont pris pour les héros des projections auxquelles ils venaient d’assister, dès la sortie de la salle, comme si le mot fin ne s’était pas inscrit sur l’écran, signalant la fin de la fiction et le retour à la réalité, souvent beaucoup moins épique. Et  plus tard encore, entre copains, ne se distribuaient-ils pas des rôles à leur convenance.

 

            Pas seulement les enfants d’ailleurs, mais aussi des adultes en pleine maturité, fondant en larmes dans un mélo comme s’ils étaient intégrés à l’action au lieu d’être spectateur d’une simple fiction. Etre ainsi pris par un spectacle de temps à autre n’a rien d’étrange, loin s’en faut, c’est tout le talent des organisateurs qui s’exprime, mais de là en faire la permanence, à toujours s’imaginer être autre que soi, ne plus savoir faire la différence, c’est du dédoublement de personnalité !

 

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