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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 14:23

            C’est toujours une imprudence d’annoncer la réalité de ce dont n’est pas certain avec une probabilité proche de un. L’ennui, c’est que chacun se donne la probabilité qui lui convient et qui n‘a rien de mathématique, ni même résultant de statistiques, lesquelles se doivent d’être éprouvées.

 

            Et un fait n’est jamais strictement la répétition d’un autre fait, l’expérience fait défaut. Ce n’est que par la répétition des déconvenues qu’on devient prudent, sinon, on se croit à l’abri de toute surprise en émettant des réserves, mais au plus celles-ci sont nombreuses, au plus l’assistance vit un suspense qu’elle croit intentionnel. Et la déconvenue est accrue d’autant.

 

            Neuf chances sur dix…entend-on fréquemment pour qualifier un fait plus que probable, pratiquement certain, mais pas absolument sûr, car un  imprévu peut toujours se produire. A chiffrer ainsi, on se donne l’illusion d’être dans le domaine de la prévision (scientifique) plutôt que dans celui de la prédiction (annonce quelque peu surnaturelle ou fétichiste, comme le petit doigt me dit que…)  

 

            C’est logique, prétend-on, mais que de choses fausses se présentent au nom de la logique, laquelle n’est qu’une couverture pour soigner l’apparence ! Agir au nom de la logique exigerait au moins un certain consensus, alors qu’on s’aperçoit que chacun se mure dans sa propre « logique », ce qui amène à de véritables dialogues de sourds.

 

            Les protagonistes exposent chacun leurs propres conceptions, posent des questions et y répondent eux-mêmes, sans écouter, sans même entendre les arguments de l’autre, qui pourtant pourraient les aider à résoudre leurs propres interrogations. Mais alors qu’ils sont dans un débat qui pourrait être fructueux, ils se contentent de monologuer. Comme s’ils n’avaient plus à s’interroger.     

 

            Essayez donc, lors d’une conversation à plusieurs, de glisse une remarque mal placée, hors sujet, farfelue, chacun continuera son monologue sans s’apercevoir de votre intervention. Aussi est-ce remarquable d’entendre un conférencier s’exprimer « alors qu’on entendrait une mouche voler ». Ce peut-être évidemment parce qu’il endort son public – le fait est courant, notamment en début d’après-midi - mais aussi parce qu’il le captive.

 

            Après cela, le débat, s’il peut suivre, est toujours enrichissant, pas seulement pour ceux qui ont écouté avec attention, mais aussi, et surtout peut-être - pour le conférencier. S’il n’y a pas débat, par contre, les auditeurs, au moins certains d’entre eux,  peuvent être déçus, comme s’ils n’avaient écouté qu’un lecteur de textes.  On peut dire en effet de très belles choses sans en être l’auteur. 

 

            Certains se limitent à l’écoute de conférenciers, c’est déjà mieux que de se scotcher devant sa télé, d’autres donnent au débat qui suit tout son intérêt, et il en est qui préfèrent une participation plus active dans des ateliers de réflexion où l’on peut discuter d’un sujet tout à loisir, comparer les points de vue, sans  pour autant se sentir obligé de se rallier à l’avis majoritaire.

 

            C’est d’ailleurs le « non rallié » qui apporte le plus souvent le sel nécessaire à tout débat. Pourquoi débattre d’un sujet qui ne soulève pas d’objections, quel intérêt peut présenter ces « grandes messes » où se congratule ? Sauf évidemment à se conforter dans les opinions qu’on avait, mais où est alors le débat ?   

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