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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 08:17

            On peut ne pas suivre Yona Friedman dans ses considérations sur un univers d’espace et de temps constitués de granules élémentaires, qui pour cet architecte rappellent les briques constituant les éléments fondamentaux d’une construction architecturale. Des granules qui auraient chacun une certaine autonomie, lais qui seraient entraînés statistiquement dans une direction donnée.

 

            Comme les individus d’une foule, chacun ayant sa propre liberté, mais obéissant statistiquement à un mouvement global. Encore qu’appliquées aux granules, cela est dans la même veine que celle de Teilhard de Chardin avec sa théorie de l’esprit-matière. 

 

            Par contre, son livre met l’accent sur un univers erratique, un univers sans lois, les « lois de la nature » n’étant qu’inventions humaines qui n’ont pu être établies qu’en négligeant tous les aspects qui ne rentraient pas dans l’univers mathématique qu’ils se sont forgé. « Et cette réduction de l’expérience humaine à une expression mathématique appauvrit le modèle du monde que le science s’efforce de nous présenter comme une carte de l’univers dans lequel nous vivons ».

 

            La comparaison est heureuse, car si, lorsque nous voyageons, une carte à échelle convenable nous permet de nous déplacer avec facilité (à condition d’être capables de la lire et d’en tirer tout ce qu’elle peut nous donner comme informations), elle néglige un tas d’informations sur les paysages que nous traversons, qui constituent pourtant l’essentiel, les  qualités du voyage.

 

            Et on a beau prendre des cartes à échelles de plus en plus grandes, on obtient certes des informations supplémentaires, sans jamais pour autant accéder à ce que l’on pourrait baptiser de réalité, chacun y trouvant d’ailleurs la sien  propre. 

 

            Tandis que les cartes fournies sont, elles, les mêmes pour tous et peuvent donc prétendre à l’universalité, comme la science peut être la même pour tous, à condition de simplifier l’univers à l’extrême et de n’approfondir que toujours les même données. Ce qui permet aux scientifiques d’affirmer, sans admettre d’être contredits, qu’au fur et à mesure que la science progresse, même si elle ne l’atteindra jamais, s’approche toujours de la réalité ultime, une théorie dépassée n’étant jamais fausse mais devenant un  cas particulier d’une théorie plus générale, et ainsi de suite.   

 

            Mais au fur et à mesure qu’on se place ainsi à la pointe des découvertes, que l’on se spécialise, on devient de  plus en plus incompréhensible aux autres, à ceux qui sont restés en aval de ce domaine pointu, mis qui ont donc une vue plus élargie. Depuis quelques siècles, la science s’étant considérablement développée, plus personne ne serait capable aujourd’hui de la posséder toute entière, il en résulte un appauvrissement du scientifique qui, égaré dans sa spécialité, néglige les autres branches, même très proches, et perd le sens commun.

 

            On peut comprendre l’attrait de ces scientifiques de haut niveau à tenter de vulgariser leurs connaissances  afin de sortir de leur tour d’ivoire. Et chacun d’y aller d’une théorie dépassant  largement les limites de leur compétence, mais devenant crédibles en fonction de la notoriété acquise dans leur domaine restreint et reconnue pas leurs pairs. Ajoutez à cela les pressions médiatiques qui s’exercent en tous sens, et vous avez des personnalités de valeur qui se fourvoient.

 

            On n’oserait dire que beaucoup de chercheurs de pointe ne sont que des manoeuvres, des manuels affectés toujours à la même tâche, et pourtant combien d’entre eux seront capables de faire preuve d‘intuition créatrice le moment venu ?  

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