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14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 08:33

               Rien ne lui paraît si naturel que de ne jamais laisser son esprit en repos. Comment imaginerait-il que la réflexion peut être pour la plupart des hommes un exercice imposé supposant un effort de concentration mentale, qu’elle répond à une nécessité : résoudre un problème, prendre une décision, comprendre un événement et que, le reste du temps, tout un chacun laisse sa pensée vagabonder, sautant d’une idée à l’autre, d’un air de musique à un souci quotidien, du dernier repas à la prochaine rencontre, ce que l’on appelle : «  ne penser à rien ». Albert, lui, pense tout le temps, de façon méthodique, cohérente et organisée, sur un objectif précis. 

 

            La réflexion pour la plupart des hommes serait un exercice imposé supposant un effort de concentration mentale répondant à une nécessité. Le reste du temps la pensée vagabonde, c’est alors « ne penser à rien » Mais alors pourquoi seulement « pour la plupart des hommes » ? N’est-ce pas le cas de l’animal, sinon de tous les animaux, au moins de tous ceux qui disposent d‘un cerveau suffisamment développé ? Qui aurait-il de spécifiquement humain dans la réflexion par nécessité ?

 

            N’est-ce pas même peut-être la marque du vivant que de devoir réfléchir ainsi ? Ne pas penser vraiment, laisser sa pensée vagabonder, lorsque ne se manifeste pas de nécessité, lorsque l’on se trouve dans un certain équilibre avec le milieu ambiant, une espèce de pensée délayée jusqu’à l’infini, disponible certes, en attente de zoom. Un changement dans les conditions extérieures, et c’est (ou ce n’est pas d’ailleurs) la réaction. 

 

            Est-il possible qu’entre errance de la pensée et nécessité de réagir à une sollicitation extérieure suite à une rupture nécessitant la recherche d’un nouvel équilibre, la plupart des hommes ne trouvent pas la place pour de profondes réflexions, dégagées des contraintes environnementales. A admettre que la réflexion est un exercice imposé supposant un effort de concentration mentale, un travail intense à fournir par rapport à un état mental relâché, la loi du moindre effort qui est pratiquée naturellement doit triompher dans la plupart des cas.

 

            Mais comment concevoir qu’un être humain laisse en friche un cerveau aussi développé, en se contentant, même pas de rester sur la défensive, ce qui exige au moins un effort de vigilance, mais de se laisser aller à ne pouvoir répondre à une interrogation : « je ne pensais à rien ».            Qu’il le fasse parce qu’il n’éprouve pas l’envie de se confier, oui, personne en effet ne peut s’introduire dans un état mental autre que le sien, et chacun peut conserver le secret de sa pensée, mais qu’il réponde ainsi parce que, sincèrement, il ne pense pas…qu’il pensait à quelque chose, que son cerveau hibernait en quelque sorte, se comprend mal.                    

 

            A moins qu’il ait suffi de s’entendre poser la question pour que ce à quoi il pensait se soit envolé, souvent sans espoir de retour. Car, si dans une réflexion en réaction à une sollicitation extérieure, on peut imaginer que la construction de cette réflexion se fait dans le cerveau de l’agressé, en est-il de même des pensées qui nous assaillent parfois et qui semblent, et sont peut-être des pensées qui ne sont pas de nous. Comme si l’on se trouvait sur leur chemin, que notre esprit les avait captées, sans qu’elles nous soient spécialement destinées et qui nous quittent comme elles nous ont abordés, sans laisser de traces, sinon celle d’être persuadés qu’elles ont existé et que, sans doute, elles sont, quelque part, ailleurs.

 

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C
Blog(fermaton.over-blog.com),No-21.- THÉORÈME MERCURE. - Einstein aurait-il pu construire la Relativité ?
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